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COMPRENDRE L’ORIGINE DE LA CRISE POUR MIEUX LA GÉRER

Les parents de jeunes enfants rencontrent régulièrement des situations de crise ou tempête émotionnelle chez leur enfant. D‘un seul coup, l’enfant est pris d’un terrible colère, se met à crier, à taper des pieds ou à pleurer et le parent se trouve démuni pour l’accompagner et, bien souvent, il va vivre lui-même une situation de stress. Nous pouvons, parfois sans le vouloir, être à l’origine de la tempête émotionnelle. La crise est une réaction face à une émotion trop forte pour lui. Comprendre l’origine de la crise chez notre enfant permet de mieux la gérer et facilite le retour au calme.

Comprendre l'origine de la crise permet de mieux  la gérer

En préambule, ce qui va aider le parent désemparé que nous sommes, c’est de se souvenir que notre enfant ne fait jamais exprès de faire une crise ! La doctoresse Catherine Dolto, fille de la célébrissime Françoise Dolto (psychanalyste inlassable défenderesse de la cause de l’enfant, qui a permis de révolutionner l’éducation des enfants en France dans les années 70-80), illustre en toute première page de son livre “Les colères” que : c’est difficile pour l’enfant de vivre une tempête émotionnelle. C’est d’autant plus difficile que notre enfant ne sait pas encore comment gérer ses émotions.

Françoise Dolto - Les colèresFrançoise Dolto - Les colères - C'est difficile pour l'enfant de vivre une tempête émotionnelle

 

Comprendre l’origine de la crise

  • Les besoins physiologiques :


Notre enfant a besoin de faire pipi.

Oui, tout simplement ! Il est souvent pris par son activité du moment et  il a occulté à plusieurs reprises son envie d’uriner. Cela peut se traduire par une soudaine agressivité.Si on détecte ce besoin et qu’on lui propose de faire pipi, il est fort probable que notre enfant retrouve son calme tout naturellement.


Il a besoin de boire de l’eau

De la même façon, ce besoin est souvent occulté par nos enfants, complètement absorbés par leur jeu. Sauf que, le manque d’eau agit immédiatement sur notre corps. Il se met en mode défense car il doit protéger les fonctions vitales de l’organisme. Résultat, c’est une situation de stress intense qui peut se traduire par de l’agressivité. Un simple verre d’eau peut apaisé immédiatement notre enfant. C’est une technique qui est également utilisée lors de thérapies de couple car bien souvent, cela suffit à favoriser un climat de coopération.

Remarque : On peut observer de temps à autres l’urine de nos enfants pour voir si elles sont claires (= bonne hydratation) ou trop foncées (= trop de toxines) et leur apprendre à faire cette observation eux-mêmes.

Il a besoin de se dépenser physiquement

Ce matin encore, j’ai assisté à un échange très enrichissant entre la maman d’un enfant de 2 ans et demi et l’éducatrice de la crèche. L’éducatrice l’informe avec un grand sourire que l’enfant peut garder ses chaussures car ils vont voir les animaux dans un parc voisin. La maman lui demande comment ils vont s’y rendre : chariot de transport, bus… et l’éducatrice lui répond tout simplement avec le même grand sourire qu’ils vont s’y rendent à pied. La maman montre sa très grande surprise car le parc en question est à 2 kilomètres, ce qui fait donc 4 kilomètres aller-retour !! L’éducatrice lui répond que les enfants font cela régulièrement, bien entendu, au rythme des enfants et que tout se passe très bien pour ce genre de sortie d’environ 2 heures.

Combien sommes-nous à sous-estimer les capacités physiques de nos enfants et surtout à limiter leurs besoins de dépenses physiques : transport en voiture, poussettes… or, ils en ont besoin et ils ont toute la capacité de faire des efforts pour le plus grand bien de toute la famille Winking smile

car une fois encore cela limite le risque de crise.


Il a besoin de prendre l’air du dehors

Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais vêtements !
Crédit photo Rudy van der Veen

Un enfant ne peut rester confiner à l’intérieur toute une journée. Il a besoin de prendre l’air quelque soient les conditions extérieures. Tous les parents de jeunes enfants se sont déjà aperçus à quel point l’enfant peut devenir excité lorsqu’il reste à l’intérieur. Cela finit souvent en bagarre avec les frères et sœurs ou en crise ! Il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que des mauvais vêtements ! De plus, l’enfant renforce ses défenses immunitaires en habituant son corps aux conditions extérieures et les microbes n’aiment pas le froid !




  • Les besoins émotionnels

Son réservoir affectif est vide

Nous n’avons pas été très disponible pour cause d’absence liée à notre travail, de travaux ménagers, de temps passé auprès d’un autre enfant de la fratrie… L’enfant est plus ou moins sensible à cela et dans certains cas, son réservoir affectif est vide et il va nous le signifier par une crise. Généralement, il n’est pas conscient de ce qui se passe et notre incompréhension sera mutuelle. Heureusement, un réservoir affectif se rempli facilement :

offrir un gros câlin

lui lire une histoire

se mettre à sa hauteur et l’écouter nous raconter ce qui lui passe par la tête à ce moment là avec empathie…


Il ressent de la jalousie

Les enfants peuvent ressentir de la jalousie par rapport à un membre de la fratrie et cette émotion est si forte qu’elle peut facilement provoquer une crise.

Je prévois de traiter dans un article dédié la question de la jalousie au sein de la fratrie car le sujet est récurrent et mérite qu’on lui dédie un peu de temps. Toutefois, si on a identifié cette émotion chez notre enfant, on peut commencer par le rassurer sur le fait que la jalousie est un des grands sentiments des humains et que c’est normal. On peut la nommer, l’accueillir et lui proposer d’en parler autour d’un livre. Je citerai à nouveau Catherine Dolto “Jaloux pas jaloux” ou encore “Le livre de mes émotions” qui évoque cela très justement. L’enfant s’y retrouve et cela lui permet de mieux gérer cette émotion.

La crise peut être liée à un sentiment de jalousie
Dolto – Jaloux pas jaloux
Comprendre l'origine émotionnelle de la crise
Le livre de mes émotions



  • Le besoin d’ordre

Nous avons modifié sa routine

Nombre de crises chez les enfants en pleine période du “terrible two” pourraient être apaisée si on comprenait l’importance de l’ordre chez un tout petit. L’ordre, c’est faire les choses dans un certain ordre, comme l’ordre des vêtements pour s’habiller, mais c’est aussi, la place à laquelle est sensée se trouver un objet, comme la place de sa chaise autour de la table ou de son siège auto dans la voiture, mais c’est aussi l’ordre des événements, comme déposer en premier la grande sœur à l’école. Changer un seul de ces éléments et c’est la bousculade dans sa tête.

Un jour, une maman m’a partagé un jour son incompréhension à ce sujet. Elle avait eu l’opportunité exceptionnelle de venir plus tôt que d’habitude chercher son enfant à la crèche et elle prévoyait qu’ils aillent ensemble chercher l’aîné à l’école ensuite. Alors qu’elle était sure de faire plaisir à son petit, elle s’est trouvée à gérer une véritable crise. Il lui semblait incompréhensible que l’enfant ne se réjouisse pas.

En réalité, Maria Montessori explique clairement ce qui se passe dans la tête de l’enfant au moment de la période sensible de l’ordre. Il fait un travail monumental pour comprendre son environnement. Lorsqu’on lui offre des routines, ça lui permet à la fois de comprendre cet environnement complexe et de se sécuriser. Si on bouleverse cela, même avec la meilleure des intentions, on peut provoquer une crise chez notre enfant sans même s’en rendre compte.


L’exemple typique du supermarché

Combien de crises interviennent en plein milieu des courses au supermarché. Résultat on se fâche, on se met à crier, on menace et surtout, on ne comprend pas.

En réalité, notre enfant est soumis à un nombre beaucoup trop important de stimulations dans un supermarché : musique, couleurs, lumières. objets plus attirants les uns que les autres. Tous ces stimuli sont autant d’informations à traiter pour l’enfant, qui en général est rendu passif dans ce lieu. C’en est trop. le cerveau sature et sa réponse est une crise pour lui permettre de restaurer son équilibre.

Cela vaut vraiment la peine de chercher toutes les solutions possibles pour éviter d’être accompagné par nos enfants dans les grandes surfaces. On évite les crises, les courses sont réalisées plus rapidement et le budget est maîtrisé. Dans les cas où cela n’est pas possible, il est essentiel de donner une tâche à notre enfant afin qu’il focalise sur une mission : choisir les pommes et les mettre dans le sac…

Maria Montessori décrit le besoin  d’agir impérieux de l’enfant. Je vous invite à lire le résumé de son livre “L’enfant dans la famille”.

 

  • Le miroir de nos émotions

N’oublions pas que nos enfants sont de véritables éponges. C’est extraordinaire lorsque ce don leur permet d’apprendre à parler notre langue tout seul en moins de 3 années mais cela nous déstabilise lorsque notre enfant se transforme en miroir de nos émotions.

Dans bien des cas, même si nous n’avons pas verbalisé notre mal être, ou ce qui nous préoccupe, notre enfant ressent pleinement notre tracas. Il est capable d’extérioriser cette vibration sous la forme d’une crise. Il arrive que son comportement nous mette hors de nous ou nous amène à pleurer. Aussi surprenant que cela puisse paraître, notre enfant aura agit comme un catalyseur pour nous permettre de vivre et d’extérioriser ce mal être qui nous avait envahi…

Parfois, au contraire, il reçoit un message de notre part sur un ton agressif. Même s’il n’est comprend pas toute la portée, il ressent la vibration, l’énergie négative qui émane de nous et cela envahit son petit corps. Son seul moyen de l’évacuer est de l’extérioriser immédiatement. Cela nous revient comme un boumerang.

Soyons conscient de notre état émotif du moment et choisissons d’en informer nos enfants. On évitera à nouveau un certain nombres de crises.



  • La crise en décalé

De nombreuses autres situations peuvent mettre notre enfant en état de stress et générer une crise en décalée.

  • Lorsque nous le pressons le matin pour qu’il se prépare alors que son rythme naturel et sain est la lenteur.
  • Lorsqu’il a eu très peur et qu’il s’est figé, par exemple lorsque papa a haussé le ton pour le gronder.
  • Lorsqu’il est en situation d’inhibition, par exemple dans sa classe ou au nouveau centre aéré où il ne connait pas les autres enfants
  • Lorsque l’on force l’enfant à faire quelque-chose sans écouter son besoin, ou que l’on on insiste pour qu’il fasse une certaine activité…

Ces situations peuvent provoquer une crise qui surviendra plusieurs heures après. La crise intervient à l’occasion d’une broutille et le parent n’y comprend rien. On peut alors se remémorer ce que l’enfant a vécu dans les heures qui ont précédées et échanger avec lui sur le sujet.

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Conclusion

Bien souvent, on ne comprend pas lorsque notre enfant fait une crise car l’événement nous semble anodin. Prenons le temps de nous mettre à sa place avec l’aide des éclairages apportés ci-dessus et parlons-en avec notre enfant. Un enfant qui se sent compris se calme bien plus facilement. Cet accompagnement permettra de limiter la fréquence des crises futures.


Surtout ne me croyez pas, expérimentez


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