COMMENT MIEUX GERER LES DISPUTES DANS LA FRATRIE ?
Vos enfants se disputent, ils se disent des horreurs, un enfant tape l’autre ou se montre agressif. Vous souhaitez mieux gérer les disputes ? Immédiatement, nous ressentons une vive émotion suivie d’une réaction car cela nous semble inacceptable.
On peut commencer par DEDRAMATISER : les disputes dans une fratrie, c’est NORMAL !
LES ATTITUDES ET PAROLES A ÉVITER POUR MIEUX GÉRER LES DISPUTES
1/ Ne pas prendre parti
Même si on a pu observer toute la situation et que l’on a vu que l’un des deux a tapé l’autre alors qu’il n’avait rien fait, ne prenez pas parti. Cela risque d’installer le rôle du bourreau et celui de la victime. Si on colle cette étiquette de “brusque” ou de “bagarreur” à l’enfant, il va penser que son frère / sa sœur a le beau rôle et il risque d’accumuler du ressentiment et de l’agressivité envers lui / elle. D’ailleurs, on observe que les enfants (et même les adultes) ont tendance à complètement adopter et même accentuer l’étiquette qui leur est collée. C’est très réducteur.
De plus, on n’a aucune envie d’être sans cesse interpellé pour jouer le rôle de l’arbitre. Ce que nous souhaitons, c’est leur apprendre à gérer les conflits eux-mêmes et surtout à gérer leurs émotions.
2/ Ne pas apporter de jugement
Evitons à tout prix les jugements de valeur blessants du type : “Tu n’est pas gentil”, “Tu es méchant”… Avec ce vocabulaire, on offre à l’enfant deux façons possibles de réagir : la soumission ou l’opposition. Or, ce sont là, les deux faces d’une même pièce.
Soumission : Il va penser que vous avez raison et se dévaloriser. Dans ce cas, les paroles qu’il va se dire à lui-même pourront être encore plus blessantes que celles qu’il a entendues et il finira par se croire “mauvais”. C’est une entrave à l’estime de soi et à la confiance en soi pour toute sa vie.
Opposition : Il va entrer en rébellion et s’opposer à la moindre occasion parce qu’il est pour lui intolérable de penser qu’il est méchant. On entendra parfois “c’est toi qui est méchant !”
“Ne laisse jamais à quiconque le pouvoir de t’obliger à te soumettre ou à te rebeller.” Marshall Rosenberg dans Élever nos enfants avec bienveillance
Dans la situation où l’un des enfants a tapé l’autre, il sera essentiel de dissocier le geste de l’enfant : “Frapper ça fait mal”.
3/ Ne pas culpabiliser l’enfant
“Tu as vu ce que tu as fais ?” “Mais tu te rends comptes, ta petite sœur saigne… elle a un bleu…” “Tu fais beaucoup de peine à maman…”
L’enfant a très naturellement conscience de ce qu’il vient de faire. De plus, l’enfant a naturellement de l’empathie. Il est tout à fait capable de se rendre compte de ce qu’il a fait et il va s’en vouloir de lui même. Il est inutile d’en rajouter sous la forme de phrases culpabilisantes.
Vous aurez déjà fait un grand pas pour mieux gérer les disputes !
LES ATTITUDES ET PAROLES A ADOPTER POUR MIEUX GÉRER LES DISPUTES
1/ Pour mieux gérer les disputes : Ne pas intervenir !
Bien que cela soit totalement contre-intuitif, dans 90 % des cas, la situation de conflit se résout sans l’intervention du parent.
Plus on intervient et plus la dispute s’envenime. Un des enfants ressent que l’on prend partie pour l’autre et un sentiment de jalousie peut venir s’ajouter au sentiment de colère existant et renforcer ce qui l’a poussé à blesser l’autre.
Plus on intervient et plus nos enfants vont nous prendre à partie pour jouer le rôle de l’arbitre, ce que l’on n’a pas du tout envie de faire.
Si cet aspect vous intéresse, Maria Montessori le développe. L’adulte ne doit pas se substituer à l’enfant et dois au contraire, il doit toujours choisir de rester passif et développer sa capacité à comprendre l’enfant.
2/ Consoler l’enfant qui pleure
On va adapter notre attitude en fonction de la situation. Par exemple, Liam pleure à chaudes larmes parce que son frère, Nathan, l’a tapé et qu’il a eu très mal. On peut le prendre dans les bras pour le consoler. Et si, dans un autre exemple, Liam chouine parce que Nathan l’a poussé, on peut simplement se mettre à sa hauteur de lui demander ce qui se passe avec empathie.
Dans les deux cas, on commence par consoler. “Mon pauvre chéri, tu as mal ? C’est là ?” L’autre entend et, si ce n’est pas déjà le cas, il prend conscience des conséquences de ses actes. “Ça a du te faire très mal. Je vois que tu es triste.”
Puis, on va systématiquement lui dire des choses gentilles sur son frère / sa sœur. “Je suis sure que Nathan n’a pas voulu te faire aussi mal. Il n’a pas su gérer sa frustration et sa colère à ce moment là et donc il l’a déposée sur toi. Nathan t’aime énormément et ça n’est pas contre toi.” De cette façon, Nathan est libéré de la culpabilité qu’il s’était lui même infligée.
On a souvent peur que ce mode d’échange soit comme une caution donnée à Nathan pour son comportement mais c’est tout l’inverse qui se produit. Vous pouvez avoir confiance dans vos enfants et leur élan naturel à contribuer au bien être des autres.
Débarrassé de la culpabilité, l’enfant aura naturellement envie de s’améliorer.
L’être humain aime avant tout contribuer au bien être des autres quand il le fait par choix. Marshall Rosenberg
3/ Aller vers celui qui a eu le comportement inapproprié
On peut proposer à l’enfant qui a eu le comportement inapproprié d’aller en parler ensemble à part. Dans notre exemple, Nathan n’aura pas nécessairement envie que Liam entende. On l’invite à raconter la situation.
“Qu’est-ce qui s’est passé ? Ça ne te ressemble pas de taper.”
“C’est lui qui a commencé. Il m’a embêté. Il ne voulait pas me donner son livre…”
“Et qu’est-ce que tu as ressenti ? Tu étais agacé, tu étais furieux ?“
“Je voulais en finir, je voulais qu’elle parte.”
“Est-ce que ça a fonctionné ?” Réponse non
On l’invite à chercher lui-même quelles auraient pu être les alternatives. “Qu’est-ce que tu aurais pu faire ?”
L’enfant est sous le coup de l’émotion. On pense à laisser des blancs pour que l’enfant ait le temps de répondre. Il doit trouver des solutions tout seul. S’il n’a pas d’idée, on peut lui proposer d’y réfléchir et de venir nous trouver quand il en aura une.
Bien sûr, pour les plus jeunes, on peut suggérer des idées. “Est-ce que tu aurais pu lui demander qu’il te prête son livre avant de le prendre ?”. Et pour les tous petits, on rappellera aussi souvent que nécessaire et avec beaucoup de douceur : “La main c’est fait pour caresser. Tu aimes quand je te fais un câlin avec ma main ?”
On va ensuite expliquer les conséquences de ses actes et être clair sur le fait que ce n’est pas acceptable.
Enfin, on va rester dans l’empathie et exprimer nos besoins. “J’ai compris la situation et j’ai compris que tu as ressenti une grosse frustration / colère… et même temps, j’ai besoin que chacun se sente en sécurité à la maison. La violence ce n’est pas acceptable. Et je suis toujours disponible si vous n’arrivez pas à trouver une solution tous les deux.”
Enfin, en dehors des disputes, il est toujours très enrichissant de lire un livre qui nous éclaire sur le sujet et d’échanger. Ca marche même avec les plus jeunes. Dans le cas présent, je vous recommande chaudement “Halte à la bagarre !” la communication pacifiste expliquée aux enfants.
Je vous propose d’expérimenter cette approche lors de la prochaine dispute dans la fratrie et de me partager le résultat dans les commentaires. Cela permettra d’enrichir les solutions possibles pour tous les lecteurs.
Surtout ne me croyez pas, expérimentez !
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