DEPASSER LES LUTTES DE POUVOIR
Tous les parents rêvent de relations harmonieuses avec leurs enfants mais force est de constater que les situations d’opposition peuvent être fréquentes et nous décourager. Alors, comment concrètement dépasser les luttes de pouvoir avec nos enfants ? Je vous propose un court extrait du livre “Être parent avec son cœur”, une approche de Communication Non Violente d’Inbal Kashtan. Cet extrait offre un exemple de situation concrète dans laquelle nous pourront nous reconnaitre et propose, sous forme de dialogue entre un père et sa fille, d’une part le scénario classique et, d’autre part, une autre approche possible dans laquelle les besoins de chacun sont respectés. Attention, c’est innovant ! Ouvrons notre esprit et imaginons ce que seraient nos relations au quotidien si l’on appliquait cette approche…
Au moment où une personne choisi de sortir de la lutte de pouvoir, la communication peut commencer et l’harmonie peut se rétablir. Inbal Kashtan
L’auteure nous propose de considérer une situation bien concrète.
Le scenario classique
Alyssa, quatre ans, se tient au sommet d’un toboggan et dit aux deux autres enfants qui attendent derrière elle de s’en aller. Les autres enfants ne semblent pas très contents de la situation. Après avoir gentiment essayé de la convaincre de descendre, David, son père, lui dit : « Alyssa, laisse les autres enfants jouer, sinon nous rentrons à la maison ».
Entendant ces mots, Alyssa hurle : « Non je ne veux pas rentrer à la maison ! ». Et elle reste au sommet du toboggan. Les enfants et leurs parents regardent la scène. David se met en colère. « Descends immédiatement, Alyssa ! ». « NON ! », Répond sa fille.
Que se passe-t-il ensuite ? Peut-être David réitère-t-il sa demande ou menace-t-il de quitter le parc si elle ne descend pas immédiatement. Alyssa obéit ou non. Si elle n’obéit pas, David va peut-être mettre sa menace à exécution. S’il essaye de l’emmener de force, il va peut-être se raidir, ou donner des coups de pied et hurler, de sorte qu’il sera presque impossible de la déplacer. Entre-temps, le petit frère d’Alyssa qui jouait tranquillement dans le sable, va se mettre à pleurer parce qu’il n’a rien fait de mal et qui ne veut pas partir ! Une agréable petite sortie se termine dans une lutte de pouvoir et tout le monde se retrouve de mauvaise humeur.
Comment cette situation peut-elle se vivre avec la CNV ?
Passer de l’auto empathie à l’empathie…
Ayant entendu Alyssa dire à d’autres enfants de s’en aller, David peux d’abord observer sa réaction intérieure. Il peut décider de prendre un moment pour se donner de l’empathie à lui-même : « Tout le monde regarde ! Je me sens embarrassé. J’aimerais être accepté par les autres parents. Je suis frustré, aussi, parce que je voudrais que ces moments passés ensemble soit plus faciles… »
C’est instant d’auto-empathie permet non seulement à David de se concentrer sur ses besoins, au lieu de réagir, mais peut également lui rappeler que ses réactions de colère ne lui servent habituellement à rien ! Après cette brève pause, David va peut-être constater qu’il souhaite se rapprocher d’Alyssa, et il va alors décider d’essayer de deviner ce qui se passe en elle.
David : Hé, Alyssa, tu aimes bien le toboggan ? Tu dis aux enfants de rester à l’écart parce que tu veux de la place pour jouer ? (Plutôt que de reprocher à Alyssa ce qu’elle dit aux autres enfants de lui dire d’arrêter, David devine que la situation vient peut-être du besoin d’espace de sa fille.)
Alyssa : Oui ! C’est cool d’être ici en haut toute seule !
David : Alors, tu t’amuses. Tu aimes bien être indépendante là-haut.
Alyssa (se balançant sur la barre qui surplombe le haut du toboggan) : Oui, youpi !
David n’a pas encore dit un mot de ce qu’il souhaite, mais il a fait le premier pas pour entrer en relation avec Alyssa. En se mettant en empathie avec ses sentiments et ses besoins, il montre qu’il comprend ses actes sans jugement ni reproche. À partir de là, il a plus de chance d’être entendu.
…puis à l’expression de soi
David : Je vois que les autres enfants ne s’amusent pas autant, alors je suis inquiet : j’aimerais que tout le monde puisse s’amuser, dans ce parc. Est-ce que tu veux bien faire ta descente, maintenant pour que chacun puisse la faire à son tour ? Certains enfants manifestent leur accord à présent, mais Alyssa refuse.
David : Est-ce que tu es frustrée par ce que tu veux choisir toi-même de quelle manière jouer ? (Au lieu d’entendre le refus d’Alyssa comme un défi à son autorité, David essaye de comprendre les sentiments et besoins qui ont poussé sa fille à dire « Non ».)
Alyssa : Oui ! Oui ! Oui ! Je ne veux pas descendre !
David : Alyssa, je veux que tu sois capable de prendre tes propres décisions. Moi aussi, je suis frustré, j’aimerais que l’on tienne compte de tout le monde, ici. Sais-tu comment on pourrait faire pour que tu puisses t’amuser et décider par toi-même, et pour que les autres enfants puissent s’amuser aussi ? (En mentionnant sa volonté de répondre aux besoins d’Alyssa en même tant que son désir de tenir compte des besoins des autres enfants, David évite de donner l’impression – parfois conforme à la réalité – que seul un des deux aspects de la question compte à ses yeux. L’engagement de répondre aux besoins des deux parties est essentiel si l’on veut trouver des solutions réellement satisfaisantes pour tous.)
Alyssa : Ils peuvent aller jouer sur l’autre toboggan.
David : Je suis heureux que tu essayes de trouver des solutions. Pourquoi ne vérifies-tu pas avec eux s’ils sont d’accord ? (Même si cette solution n’a pas la préférence de David, il ne l’écarte pas. Pour qu’Alyssa soit disposée à envisager d’autres solutions, il est nécessaire qu’elle sache que David est prêt à faire de même. Ce moment est très important. Si David n’est déterminé à suivre qu’une voie en particulier, Alyssa fera probablement de la résistance.)
Alyssa, s’adressant aux deux enfants : vous voulez aller jouer sur l’autre toboggan ?
Premier enfant : non !
Second enfant : Il n’est pas aussi amusant, je veux jouer sur celui-ci.
David : Eh bien, ma chérie, on dirait qu’ils veulent toujours jouer sur ce toboggan-ci, et j’aimerais vraiment respecter ce qu’ils ont envie de faire, eux aussi. As-tu d’autres idées, où est-ce que tu veux faire ta glissade maintenant et laisser son tour à chacun ?
À ce stade de nombreux enfants sont prêt à coopérer, s’il ne se sentent soumis à aucune contrainte.
Mais certains ont plus de difficultés…
Reconnaitre sa colère pour mieux s’en éloigner
Imaginons qu’Alyssa dise : « Je me fiche de ce qu’ils veulent, je ne descendrai pas ». Il est probable qu’à ce stade-ci, même le parent le plus patient « laisserait tomber ». Quelle patience pouvons-nous espérer avoir, face à un jeune enfant déterminé ? Pourtant, l’autre choix n’est guère attrayant : crise de colère, de pouvoir, regret de ce que nous avons dit à notre enfant…
David peut donc essayer à nouveau l’auto empathie, afin de se donner un peu plus d’espace pour choisir comment agir.
Dans des situations comme celle-ci, la colère est souvent l’émotion qui jaillit le plus facilement. Ainsi, David peut commencer par exprimer sa colère intérieurement : « Bon sang ! Je suis furax ! Pourquoi est-ce qu’elle ne peut pas simplement être un peu plus raisonnable ? ! » Cependant, il n’en restera pas là, parce que la colère concentre notre attention sur ce que nous ne voulons pas au lieu de nous aider à nous relayer à nos besoins et aux choses constructif que nous voulons.
On se reliant aux sentiments et aux besoins qui sont à la source de sa colère, David peut poursuivre : « je suis vraiment déçu. J’ai envie de m’amuser et d’être en contact avec ma fille ! ». L’auto empathie lui permet de s’éloigner de la colère pour reconnaître ses propres besoins d’avoir du plaisir et d’être en lien.
[…]
On se reliant à lui-même et en nouant une relation empathique avec sa fille, David aura beaucoup plus de facilité à trouver une stratégie créative pour combler leurs besoins respectifs.
J’espère que cet exemple concret de situation dans laquelle, le parent choisi de rester en lien vous aura inspiré pour dépasser les luttes de pouvoir et vous aura peut être donner envie de lire ce lire rempli d’exercices pratiques concrets pour progresser dans cette voie
Et si vous souhaitez en savoir plus sur la Communication Non Violente, vous serez certainement intéressé par mon article à ce sujet.
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Surtout ne me croyez pas, expérimentez !
Un commentaire
Audrey
Coucou Fabienne! Merci pour ce cas de figure! Il est très interessant et cette approche de la communication non violente!