COMMENT REMPLACER LA NEGATION ?
Sans nous en rendre compte nous utilisons en permanence la négation pour nous exprimer : Je NE sais PAS, Je N’en suis PAS bien sûre, C’est PAS mal… L’absence de quelque-chose nécessite de maîtriser l’abstraction. L’inconscient n’entend pas la négation, le cerveau humain doit faire un « travail » pour reconstituer le sens d’une phrase qui contient un « ne…pas ». Quand on y pense, il est aisé de réaliser à quel point cela crée de la confusion dans les esprits des enfants quand nous utilisons ce mode d’expression avec eux.
J’ai pris conscience de ce phénomène lors d’une formation interne. Le formateur nous avait demandé de dessiner “un arbre qui n’est pas debout”. Nous étions un peu interloqués et nous avons chacun griffonné quelque chose puis nous avons partagé nos dessins. Évidemment, chaque dessin était très différent de celui du voisin et nous avions tous eu une interprétation différente.
Il est extrêmement difficile de comprendre clairement ce que l’autre signifie lorsqu’il utilise la négation. Et pourtant, même avec nos enfants, un nombre incroyable des phrases que nous prononçons comporte des négations. Notre vocabulaire semble parfois si pauvre ou plutôt notre idée est parfois si floue qu’il nous est plus facile de dire ce que nous ne voulons pas.
A quoi ressemble la négation ?
On ne mange pas avec les doigts
Non pas comme ça
Ne cours pas
On ne pousse pas
Ne saute pas sur le canapé
Arrête d’embêter ton petit frère
On ne peut pas taper
Ne traverse pas la route
Ne met pas ça à ta bouche
N’allez pas trop loin !
Ne touche pas mes affaires…
Or, si je dis à un enfant : “Ne court pas !”, il doit se représenter “absence de courir”. Allons jusqu’au bout de cette formule, histoire de marquer les esprits. Est-ce que cela signifie pour lui qu’il peux : Sauter à cloche pied ? Marcher sur les mains ? Sauter à pieds joints ? Faire des pas chassés ? Marcher à quatre pattes ? Glisser comme s’il avait des patins… ?
Et généralement, on ne s’arrête pas là et on se lance dans des doubles négations histoire de compliquer la chose
“Si tu n’as pas fini de manger tu ne peux pas sortir de table !”
“Si tu ne te laves pas les mains, tu ne peux pas aller jouer.”
Imaginez la gymnastique doit faire le cerveau pour essayer de comprendre le message !?!
Remplacer la négation pourquoi ?
Si l’on prend par exemple l’injonction “Ne te lance pas sur la route !”, Isabelle Filiozat nous explique que c’est même dangereux.
Les injonctions négatives ne sont pas perçues par le cerveau de l’enfant. Nous avons tous constaté que quand on dit à un petit de ne pas faire quelque chose, il nous regarde avec un sourire et le fais quand même. Pourquoi ? Pas par défi, mais parce que son cerveau est incapable de comprendre la négation et traite l’information comme un ordre. Et donc il le fait. Au lieu de formuler les consignes en négatif mieux vaut les formuler en positif comme : « Tu restes sur le trottoir ».
=> Alors, quelle est notre demande concrète à l’enfant ?
Remplacer la négation, c’est possible !
Je vous propose une petite gymnastique de l’esprit pour formuler tout ceci de manière positive. Attention, c’est pratiquement comme apprendre une nouvelle langue. Vous allez vous surprendre vous même à hésiter pour trouver les mots qui expriment ce que vous souhaitez plutôt que ce que vous ne souhaitez pas. En plus, pour ceux qui sont intéressés par la loi de l’attraction et bien l’univers également entend mieux les affirmations positives.
On ne mange pas avec les doigts => Et si tu prenais ta fourchette ?
Non pas comme ça => Quand tu laisses tes baskets au milieu du paillasson, j’ai peur de tomber en marchant dessus. Où est-ce que tu pourrais les mettre ?
Ne cours pas => Marche
Interdit de courir => Ici, il est autorisé de marcher
On ne pousse pas => J’ai besoin que chacun se sente en sécurité ici
Ne saute pas sur le canapé => Pour les petits : Les pieds, c’est au sol et les fesses sur le canapé. Pour les plus grands : Tu aimes beaucoup sauter ? Quand tu sautes sur le canapé, j’ai peur que tu tombes. Où est-ce que tu pourrais sauter en toute sécurité ?
Arrête d’embêter ton petit frère => Tout à l’heure, je vous ai vu jouer tous les deux et vous sembliez beaucoup vous amuser. C’était comment votre jeu ?
On ne peut pas taper => La main c’est fait pour caresser
Ne traverse pas la route => Tu peux rester devant la ligne jaune et nous allons traverser ensemble
Ne mets pas ça dans ta bouche => Tu peux prendre cet objet dans la main pour le découvrir.
N’allez pas trop loin ! => Je vous montre les limites de l’espace de jeu. Vous pouvez aller jusqu’à l’arbre là-bas et la barrière blanche ici.
Ne touche pas mes affaires => Je tiens à cet objet et de voudrais qu’il reste ici en sécurité.
Vous l’aurez compris, les occasions ne manqueront pas, heu… les occasions seront nombreuses !!! Amusez-vous et proposez à vos enfants de faire de même car j’ai remarqué qu’ils adoptent très tôt la négation en nous imitant.
“Et le : “Je ne suis pas d’accord” ? Ok, celui là, on l’aime tous car il nous permet de fixer une limite. Et en même temps, on pourrait l’accompagner de ce que les enfants ont le droit de faire
Surtout ne me croyez pas, expérimentez !
2 commentaires
laurent
Bonjour Fabienne,
merci pour ton article ! Eh oui le cerveau ne comprends pas la négation ! Nous expérimentons cela à la maison depuis quelques années et nous sommes convaincu des effets positifs ! Alors vive le positif ! Belle journée
Laurent du Blog https://couches-lavables-et-compagnie.com/
un BP parmi d’autres !
TATIANA
Super Article Fabienne, merci ! je n’avais jamais pensé que la négation pouvait poser soucis… mais ça prend tout son sens en effet ! et merci pour les phrases d’exemples qui aident bien !