Fais pas ci, fais pas ça…
Viens ici, mets toi là
Attention prends pas froid
Ou sinon gare à toi
Mange ta soupe, allez, brosse toi les dents
Touche pas ça, fais dodo
Dis papa, dis maman
Fais pas ci fais pas ça
À dada prout prout cadet
À cheval sur mon bidet
Mets pas tes doigts dans le nez
Tu suces encore ton pouce
Qu'est-ce que t'as renversé
Ferme les yeux ouvre la bouche
Mange pas tes ongles vilain
Va te laver les mains
Ne traverse pas la rue
Sinon panpan cucu !
Les formulations négatives
Avez-vous déjà compté le nombre de fois où l’on s’adresse à nos enfants en formulant des instructions par la négative ?
- Au bord de la piscine : ne cours pas !
- Ne marche pas ici !
- Non, pas comme ça
- Ne tape pas ta sœur
- Ou alors en illustrant avec le geste : tu ne tapes pas ton camion sur la table comme ça, on est d’accord ?
Et très rapidement on complexifie ces instructions négatives : si tu ne poses pas cet objet tout de suite, tu ne sortiras pas…
C’est simple, on ne se rend même pas compte du nombre de fois où l’on emploie ces formulations et d’ailleurs, étant donné que l’on a aucune idée de la manière dont nous pourrions faire autrement, nous ne cherchons même pas d’alternative.
Quel impact ?
Mais que se passe-t-il dans la tête de notre enfant ?
C’est un peu comme sur cette image. Et si on arrive vite en vélo devant ces panneaux, on doit rapidement démêler les instructions dans notre tête pour choisir le bon côté. Alors, avec un cerveau d’adulte disposant d’un cortex préfrontal¹ mature, on fait assez vite le bon choix.
Mais, pour le jeune enfant, cette image, c’est un peu ce qui se passe dans sa tête lorsque l’on utilise la négation. Et on s’étonne qu’il ne s’exécute pas sur le champ !?!
“Ne saute pas sur le canapé” est perçu comme “saute” et “canapé”. Ainsi, à l’écoute de cette instruction, généralement, il expérimente de sauter sur le canapé 😉
Résultat, on se fâche et l’enfant ne comprend même pas ce qui nous a contrarié. Il peut même être intéressé par cette expérience qui provoque une telle réaction chez nous et la reproduire 😉
Double négation = double incompréhension
Aller, un autre exemple pour s’amuser. Si je vous dis : “Tu ne peux pas ne pas refuser l’offre de Pierre”, votre cerveau doit rechercher le sens de la phrase, qui est ici : “Tu dois accepter l’offre de Pierre.” Ce n’est pas simple ! Enfin, je veux dire : c’est compliqué 😉
Et bien, chez les jeunes enfants, une simple négation équivaut à cette même complexité et il va tout simplement l’ignorer. D’ailleurs, je ne sais pas si vous avez remarqué, mais les premières tentatives du jeune enfant qui tente la négation sera de dire : “casser non” ou “toucher non” mais il n’utilisera pas le mot PAS “pas casser” ou “pas toucher”. Intéressant, non ?
Les formulations positives
Alors, soyons imaginatifs et utilisons la formulation positive, bien plus claire. Cela nous obligera à réfléchir et à nous demander ce que l’on attend vraiment de notre enfant. Voici quelques exemples :
- Les pieds au sol.
- Les fesses sur la chaise / le canapé.
- Au bord de la piscine : marcher !
- Tu as le droit de toucher tous ces objets.
- Tu peux faire des câlins et des caresses à ton petit frère, comme ça.
- Si tu es en colère, tu peux taper dans mes mains très fort…
Tout ceci lui permettra d’imprimer l’image mentale de ce qui est autorisé.
Surtout ne me croyez pas, expérimentez.
Et laissez-moi vos commentaires, retours d’expérience et problématiques du moment dans le but d’échanger.
Merci pour votre lecture et à bientôt pour le résumé d’un livre passionnant.
¹ Le cortex préfrontal est responsable du raisonnement rationnel et des fonctions exécutives. Cette partie du cerveau qui se trouve derrière le front se développe plus tardivement que le cerveau reptilien ou le cerveau limbique. Selon des recherches menées par l’Université d’Harvard en 2016, cette zone atteindrait même sa maturité à l’âge de 30 ans. Ce qui expliquerait que les adolescents peinent parfois à contrôler leurs émotions.