Comment faire adhérer mon enfant ?
La découverte de l’opposition
Plusieurs mois ont passé. Notre enfant ne ressemble déjà plus à un bébé. Il a toujours besoin de ses parents et plus encore de sa maman. Il y a encore peu, il ressentait ne faire qu’un avec elle. De plus, son corps dispose d’une intelligence propre issue de millénaires d’évolution et il sait que le lien indéfectible qui le lie à ses parents est vital…
Et pourtant, il a été inévitablement poussé par toutes les cellules de son corps à grandir, découvrir, explorer avec tous ses sens. Cette force l’a littéralement soulevé quotidiennement et il s’est mis à marcher. Alors, depuis, son périmètre d’exploration s’est bien élargi et, s’il est confiance, il s’éloigne bien volontiers de ses chers parents protecteurs. Ces derniers se réjouissent de cette évolution même cette nouvelle protection à distance leur demande de déployer une énergie folle.
Et puis, bien plus rapidement qu’imaginé, les parents se retrouvent confrontés aux premières oppositions. Au début, cela se manifeste par le rejet de certains aliments, le refus d’un câlin ou d’un bisou ou encore le refus d’être changé ou de prendre son bain. Bref, vous l’aurez compris, ce ne sont que les prémices du fameux NON que nous allons entendre et devoir apprivoiser pendant de nombreux mois (voire années ). Surnommée en anglais “terrible two”, la crise des 2 ans s’étend en général de 18 mois à 3 ans environ.
On se met à rêver d’obéissance. Au secours, je déteste le mot. On cherche à se souvenir de la manière dont nos parents ont pu gérer cette phase. C’est certain, nous n’avons jamais agi ainsi et on se dit que forcément ce n’est qu’une très courte phase et que tout va rentrer dans l’ordre. Oui, puisque jusqu’alors, rempli d’un amour inconcevable, nous ne faisions qu’un avec cet être tout droit venu du ciel à qui nous avons choisi d’apporter le meilleur. Oui, mais force est de constater que ce petit être a pris une première forme d’autonomie et qu’il sait désormais le manifester clairement. Alors, on y est. Maintenant, on cherche de l’aide, des solutions concrètes et rapides à mettre en œuvre car on n’a pas le temps de lire tous les bouquins d’Isabelle Filiozat, de Faber & Mazlich, de Catherine Gueguen, de Thomas Gordon.
5 astuces pour vous aider à garder votre calme et à gagner l’adhésion de l’enfant
1. C’est normal !
Il s’agit d’une prise de conscience et non d’une action mais elle est primordiale et ça change tout. Ces réactions sont normales. C’est un processus normal de construction de notre enfant. Il s’affirme. Il se sent libre. Il le fait savoir. Il est d’ailleurs très intéressant de prendre un temps de réflexion pour nous demander pourquoi cette attitude nous fait tellement réagir, jusqu’à parfois nous mettre totalement hors de nous. Chacun aura sa propre réponse. En ce qui me concerne, cela me renvoie le fait que je ne m’autorise pas une telle liberté dans bien des situations de ma vie et quelque chose en moi à enregistré que l’on ne fait pas ce que l’on veut dans la vie, que l’on doit accepter certaines situations même si elles sont déplaisantes… Et ce petit être vient nous réveiller en suggérant : “… et si une autre voie était possible ? … et si j’écoutais mes besoins et étais en mesure de les partager à mon entourage ?”. Ça donnerait quoi un monde dans lequel on cesse de se forcer pour faire plaisir, pour la reconnaissance, parce que l’on se dit que l’on n’a pas d’autre choix ? On a peut être beaucoup à gagner à s’interroger sur ces points. Je ne développe pas plus car je souhaite rédiger un article dédié à ce cela.
2. Les règles
Anticiper au maximum. Vous savez que le moment du repas est délicat, que votre enfant est sujet à un comportement d’opposition. Là encore, on s’interroge en amont sur ce qui est vraiment important pour nous. Il préfère manger avec les mains plutôt qu’utiliser un couvert ? C’est peut être pour lui une découverte sensorielle importante à ce moment. Beaucoup d’adultes aiment manger avec les doigts. Sans quoi, je doute que Mc Beurk aurait pu avoir un tel succès. C’est également une question culturelle car dans certains c’est la norme et utiliser des couverts enlèverait une partie de la saveur et du plaisir. Bref, vous l’aurez compris ce questionnement peut s’appliquer à de nombreux cas d’opposition et il va vous offrir une ouverture d’esprit et une créativité très utile pour les nombreuses années à venir de parent bienveillant. Il ne veut pas prendre son bain ? On peut désormais lire dans de nombreuses revues de santé naturelle que la peau n’aime pas être mouillée et encore moins savonnée quotidiennement et que l’on gagnerait grandement à se doucher moins souvent. Conclusion, on réfléchit à ce qui pour nous est important et non négociable et pour le reste, on reste ouvert. Les choses importantes deviennent des règles que l’on pourra facilement faire respecter parce que nous sommes totalement en phase avec cela.
A titre d’exemple, il m’est apparu indispensable que la télévision soit totalement éteinte lorsque les enfants sont éveillés et circulent dans la maison. C’est tellement ancré qu’il n’y a aucune discussion à ce sujet. Ca facilite terriblement les choses. Par contre, sur d’autres points, j’étais beaucoup moins au clair avec la règle à établir et les enfants le sentent. Peut-on accepter un petit jouet à table car l’enfant a du mal à le lâcher ? Oui mais c’est quoi petit ? Une petite voiture, un gros tracteur, une feuille de dessin ? J’ai bien vu qu’il n’était pas possible de passer en revue les jouets autorisés ou non. Bref, il a fallu se mettre au clair, anticiper. Le jouet peut rester sur le tapis d’activité posé au sol à côté de la chaise.
3. Formuler les règles
Expliciter clairement les règles. On utilise une formulation positive, c’est à que l’on évite les négations. “Ne saute pas sur le canapé”. L’enfant entend “saute” “canapé”. La négation nécessite que le cerveau ait atteint un développement avancé. Donc on préfère : les pieds au sol, les fesses sur la chaise / le canapé, les mains sur la table. Et on énonce cela avant que l’enfant adopte un comportement que l’on juge inapproprié. Là encore, ce qui nous semble évident ne l’est très certainement pas pour lui. On peut donc aussi s’attendre à devoir le répéter plusieurs fois. Là encore, rien de plus normal. (crédit photo : katemangostar)
4. L’art et la manière
Plusieurs études ont démontré que le simple fait de toucher quelques secondes le bras, l’épaule d’une personne, même totalement inconnue, augmentait considérable son taux de réponse positive. Cette technique est très largement utilisé dans le domaine de la négociation. Et bien, cela s’avère totalement applicable chez les enfants. J’ajouterai que l’idéal pour demander quelque-chose à votre enfant est : d’abord de se mettre à son niveau, de lui toucher l’avant bras ou l’épaule, de lui parler doucement, voire de chuchoter puis de lui expliquer simplement ce que l’on attend de lui. Bien évidemment, on supprime de notre vocabulaire le SINON et les SI TU FAIS… ALORS… mais comme cela vient parfois plus vite que l’on ne le croit, on les remplace par QUAND. Illustration : Quand tu auras brossé tes dents, tu pourras choisir une histoire. Pour les plus petits, on utilisera la fantastique technique d’Isabelle Filiozat, testée et approuvée : un mot vaux mieux qu’une longue phrase. Chaussures. Manteau. Le cerveau de l’enfant plus jeune ne peut pas trier trop d’informations et, si c’est compliqué, il abandonne. Un mot, une mission. Et seulement quand c’est fini. Un autre mot, une autre mission.
5. L’autonomie
Très rapidement, l’enfant cherche à être autonome. Vous aurez remarqué, il a décidé de se mettre à marcher tout seul. Il a cherché tous les moyens. Il a développé sa propre technique. Il a essayé et réessayer des centaines de fois. Il a échoué. Il s’est fait mal. Il a recommencé. Ce faisant, il a développé sa musculature. Bref, même si pour la suite, c’est moins manifeste, il n’en reste pas moins qu’il est mue par la même force vitale extrêmement puissante. Alors, ayez confiance en lui et proposez lui des actions qu’il pourra mettre en œuvre seul. Grimper dans son siège auto. Enfiler ses chaussures. SVP à scratch car il a vraiment besoin de pouvoir le faire seul de bout en bout et vous serez soulagé des dizaines de fois à ne pas avoir là attacher ses chaussures à sa place. Choisir entre 2 shorts. Pousser la porte pour la fermer. Plus vous prendrez l’habitude, plus vous trouverez d’idées et votre enfant en redemandera. Il sera tellement fier de lui qu’il ne pensera plus à s’opposer… enfin pour quelques temps
Surtout ne me croyez pas, expérimentez.
Nous sommes tous en apprentissage en tant que parents et vos commentaires m’intéressent. Quelle est votre plus grande frustration dans votre relation avec votre enfant ? Je m’appliquerai volontiers à rechercher des solutions validées par des experts en parentalité positive et testées par des parents aspirant à l’harmonie comme vous.
5 commentaires
JENNIFER DE CROUY CHANEL
Merci infiniment pour cette idée de blog. Nous en avons bien besoin ….
et c’est d’actualité puisque le 3 juillet « Le Parlement a définitivement adopté la loi interdisant tous les «violences éducatives ordinaires» »
Fabienne
Merci Jen pour cet encouragement et cet élan du cœur 😉 Je suis super motivée quand je lis ça ! Merci pour l’info sur l’aspect légal de la chose. On a encore du boulot mais ça donne espoir. A bientôt.
Fabienne
Kaltoume
Des conseils pleins de bon sens.
Je verrai dans quelque temps ma capacité à les mettre en pratique.
Fabienne
Merci infiniment Kaltoume. On se découvre des capacités insoupçonnées en devenant maman. A très bientôt j’espère.
Fabienne
Julien
Merci pour ces conseils. Je pense que cela peut éviter beaucoup de conflits et permet de gagner en sérénité.